Selon la FAO (1), l’agriculture urbaine se réfère à des petites surfaces (par exemple, terrains vagues, jardins, vergers, balcons, toits, terrasses, récipients divers) utilisées en ville pour cultiver quelques plantes et élever de petits animaux et des vaches laitières en vue de la consommation du ménage ou des ventes de proximité.
Il s’agit donc d’une agriculture à majorité non professionnelle, de petite échelle et n’ayant pas pour but de vendre la production mais plutôt de la consommer. A l’inverse, l’agriculture périurbaine correspond à des unités agricoles proches de la ville qui gèrent des exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant l’horticulture (légumes et autres cultures), l’élevage de volailles et d’autres animaux destinés à la production de lait et d’œufs. Cependant, on observe que pour certains pays, l’activité agricole des urbains ne se pratique pas dans la ville mais parfois à des centaines de kilomètres de la ville, et inversement, des activités agricoles très loin de la ville ont une forte répercussion sur elle. C’est le cas de l’agriculture familiale en Russie (2) et du système des Teikei (3) au Japon.
Nous avons donc choisi de définir, dans notre projet, l’agriculture urbaine de la manière suivante : « L’agriculture urbaine, c’est l’idée d’une agriculture tournée vers la ville, qui utilise des ressources, des déchets et une main d’oeuvre de la ville ». Cette définition prend compte les différentes formes d’agriculture urbaine autour du monde, ainsi que les différentes composantes de cette agriculture. L’agriculture urbaine a donc pour vocation d’être une agriculture respectueuse de son environnement qui est donc la ville et elle est par conséquent durable. Elle se base sur de nouveaux concepts tels que la permaculture ou encore l’agro-écologie.
La permaculture est la conception consciente de paysages qui miment les modèles et les relations observés dans la nature, visant à obtenir une production abondante de nourriture et d’énergie pour satisfaire les besoins locaux. La philosophie de la permaculture consiste à travailler avec la nature et non pas contre elle. Elle suit une éthique de base et donne des principes qui permettent une intégration harmonieuse des activités humaines au sein des écosystèmes.
L’agro-écologie est une technique inspirée des lois de la nature. Elle considère que la pratique agricole ne doit pas se cantonner à une technique, mais envisager l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. Elle intègre la dimension de la gestion de l’eau, du reboisement, de la lutte contre l’érosion, de la biodiversité, du réchauffement climatique, du système économique et social, de la relation de l’humain avec son environnement..
L’agriculture urbaine a donc plusieurs aspects intéressant en matière de développement durable, elle est d’ailleurs soutenue par de nombreux pays, de nombreuses villes dans leurs programmes politiques de développement durable (le plan d’action « Restaurer la nature en ville » du Grenelle de l’environnement en France en est un exemple). L’agriculture urbaine est aussi reconnue pour favoriser l’accès à la nourriture et à une nourriture de qualité par les institutions internationales tel que la FAO (4) ou encore l’OCDE (5). Enfin, par sa définition même, elle contribue à la création de lien social, inter-générationnel et surtout, au maintient du lien entre la ville et la campagne.
Différentes initiatives de solidarité citoyens-paysans, de circuits courts de proximité, de soutien à une agriculture durable, biologique et d’éducation à l’agriculture, naissent autour du monde. Par exemple, les Incroyables Comestibles dont le but est cultiver des légumes sur l’espace public pour tendre vers l’autonomie alimentaire, mais aussi les agriculteurs périurbains biologiques en général. Elles sont pour partie basées sur des initiatives provenant des pays du Sud. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est de remarquer que non seulement toutes ces initiatives fleurissent autour du monde en même temps, mais en plus, elles sont, de plus en plus, prises en considération par les politiques publiques et les programmes de développement. Ce ne sont pourtant pas des initiatives nouvelles à proprement parler. Par exemple, les jardins ouvriers existent en Europe depuis la première moitié du XIXème siècle et étaient alors destinés à améliorer les conditions de vie, et notamment d’accès à la nourriture des ouvriers. Mais ils ont été transformés en jardins familiaux et les urbains peuvent y produire de quoi nourrir leur foyer.
Le schéma ci-dessous résume les différents liens entre agriculture urbaine et souveraineté alimentaire.
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