La Micro-agriculture Bio-intensive

La micro-agriculture bio-intensive est un système agricole visant à produire une alimentation complète sur une petite surface tout en enrichissant en humus le sol cultivé. Le but de cette méthode est une production alimentaire soutenable, basée sur un système auto-fertile et autonome en semences. Le sol doit être avant tout biologiquement dynamique (vers de terre dynamique) et intact. C’est une agriculture avant tout sans tracteur et utilisant des outils manuels. Les planches font 75 cm de large avec des allées entre les planches de culture de 60 cm.

Historique

Il s’agit d’une méthode développée au XXe siècle par le maître-horticulteur anglais Alan Chadwick; elle s’inspire en partie de l’agriculture biodynamique et de la méthode de maraîchage dite intensive française.

De la biodynamie elle reprend l’absence d’intrants (créant ainsi des systèmes agricoles autofertiles), le compagnonnage végétal, l’utilisation de certaines préparations à base de plantes, et l’attention au cycle lunaire synodique (lune croissante/décroissante, nouvelle/pleine lune) pour les semis.

De la méthode intensive française elle reprend le travail sur buttes préparées par double-bêchage et la minimisation de l’espacement des plantes. Les apports propres d’Alan Chadwick concernent d’une part l’usage de variétés-populations ou variétés anciennes (pas d’hybrides F1 ni de variétés issues de la « révolution verte ») et les proportions de surfaces consacrées aux trois grands types de plantes qui y sont cultivées (voir plus bas).

Un équivalent pour les grandes cultures est proposé, notamment par l’agronome Michel Griffon (et directeur général adjoint de l’Agence nationale de la recherche) suite au Grenelle de l’environnement le pari d’une « agriculture écologique intensive, qu’en France une association dont le siège est à l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers porte, avec le laboratoire d’agro-écologie. La marque a été déposée, non pour produire un label, mais pour éviter que cette expression soit dévoyée. En Belgique, dans le Brabant wallon, la Ferme de la Baillerie a lancé « un projet d’agriculture écologique ».

Les grands principes

1. Culture sur buttes avec double-bêchage (c’est-à-dire travail du sol sur une profondeur de deux fers de bêche, soit environ 60 cm) initial. Par la suite, lorsque le sol acquiert une bonne structure, on ne le travaille plus et n’y incorpore le compost qu’en surface, on l’ameublit sans retournement à l’aide d’une grelinette ou outil similaire. L’ameublissement du sol en profondeur permet une meilleure aération en même temps qu’une meilleure pénétration de l’eau (ce qui limite les besoins en arrosage), et permet un développement racinaire plus profond. Cela permettra aux plantes d’aller chercher plus facilement certains nutriments situés en profondeur, et d’être plantées de façon plus serrée sans qu’elles se gênent au niveau racinaire.

2. Apports en matière organique humifiante (compost, mulch), cette matière étant produite par les plantes elles-mêmes. Ainsi aucun apport organique extérieur n’est indispensable après la première année de culture.

3. Semis/plantations en quinconces pour mieux utiliser l’espace (pas de rangées et de bandes vides entre elles) en respectant les distances de semis/plantation propres à chaque plante. Ce mode de plantation génère un microclimat plus frais et humide à la surface du sol, ce qui limite les besoins en arrosage. Elle assure par ailleurs une meilleure résistance des plantes au vent.

4. Association d’espèces à bénéfices réciproques (ou « plantes compagnes »), et rotations des cultures en fonction de leurs besoins en azote. Ces deux pratiques sont bien connues et appliquées dans toutes les pratiques agro-écologiques.

5. Usage de trois grands types de plantes :

  • les plantes à grains, à haute teneur calorique et protéique par gramme d’aliment, représentent 60 % de la surface cultivée. Ce sont leurs tiges et leurs feuilles qui fourniront de l’humus pour l’ensemble des plantations. Il s’agit donc d’un système autofertile. Ces plantes sont entre autres les fèves, le sarrasin, le quinoa, l’amaranthe, le tournesol, le noisetier, et toutes les céréales. Bien qu’il ne soit pas une plante à grains, le topinambour entre aussi dans cette catégorie car il produit une importante biomasse aérienne.
  • les légumes-racines et bulbes à forte productivité calorique et protéique par unité de surface, représentent 30 % de la surface cultivée. Ces plantes sont la pomme de terre, la patate douce, l’ail, le panais, le salsifi, la scorsonère, la bardane, le rutabaga, le navet (si on consomme aussi les fanes), le poireau, l’oignon.
  • les légumes-feuilles, légumes-fruits, pois et haricots, représentent 10 % de la surface cultivée.

Ces proportions ont été pensées en fonction des besoins en biomasse pour la production d’humus, ainsi que des besoins alimentaires humains. Pour ce dernier point on veillera en particulier, si on cultive des céréales, à cultiver suffisamment de fabacées (fèves, haricots, pois) pour complémenter leur apport protéique.

6. Autoproduction de semences, utilisation de variétés-populations.

7. Nécessité de mettre en pratique ces 6 choses à la fois. Le fait de planter serré ne peut donner de bons rendements que si le sol est amendé en humus et ameubli en profondeur. D’un autre côté, les plantes à grains peuvent en effet fournir l’humus nécessaire à l’ensemble des cultures, mais à condition que tout soit planté serré, utilisant ainsi une surface minimale.

Avantages

  • Elle enrichit le sol en humus et y permet le développement des êtres vivants associés (champignons, bactéries, vers de terre etc.)
  • Elle fixe une grande quantité de carbone atmosphérique par unité de surface sous forme d’humus.
  • Elle ne nécessite aucun outillage onéreux ou énergivore
  • Elle permet une autonomie alimentaire durable, sans intrant, sur une petite surface (372 m2 en moyenne – 4000 pieds carrés – pour une autonomie alimentaire totale en régime végétalien et pour une saison de croissance de 6 mois). Il ne s’agit pas d’une méthode réservée aux végétaliens, seulement dans l’idée de minimiser la surface nécessaire pour produire sa nourriture, l’alimentation végétalienne est celle qui demande le moins de surface à cultiver, c’est pourquoi elle est mise en avant dans cette méthode.
  • Elle permet de minimiser la part alimentaire de notre empreinte écologique, d’une part du fait de la faible surface cultivée nécessaire, d’autre part du fait de l’absence de transport et de transformation industrielle des aliments.
  • De par la faible surface cultivée nécessaire, elle permet de laisser de la place pour le développement d’écosystèmes sauvages.
  • Elle répond à la nécessité de diminuer la surface de terre cultivée pour se nourrir, sachant qu’actuellement la surface moyenne disponible est d’environ 2 500 m2 par personne et que cette surface tend à diminuer.
  • L’autoproduction de semences de variétés-populations permet de contribuer à sauvegarder la biodiversité des plantes cultivées.

En Californie, John Jeavons fait de la recherche et de l’enseignement sur ce type d’agriculture :

Voici une autre petite vidéo : ballade dans un potager géré en bio intensif

Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site : growbiointensive.org

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